"J'ai du mal avec les nouveaux "chausseurs" ou plutôt les vendeurs de chaussures qui ne sont ni bottiers ni fabricants et qui bien souvent n'ont jamais vu un soulier démonté. Ils ont la prétention de communiquer un savoir-faire à leurs clients loin de la réalité du professionnel. Je ne critique pas la qualité de leurs produits mais simplement la façon d'aborder le service après-vente d'un soulier.

Exemples: fers encastrés vissés ou cloués ; avec ou sans patin gomme ; glaçage ou lustrage. Aujourd'hui, je vais vous faire partager 34 ans d'expérience du "vrai" métier de cordonnier.

Avec ou sans patin? De nos jours les cuirs ne sont plus comme ceux d'antan. C'est pourquoi je signale toujours que si ces Messieurs veulent utiliser leurs semelles cuir au naturel, il faudra marcher au début sur terrain sec afin de tasser la fibre de cuir et la rendre le plus imperméable possible, et bien sûr cirer celle-ci régulièrement.

L'alternative au fer encastré peut être le bout gomme, mais il doit être le plus fin possible soit 1.5mm (avec une teinte choisie) pour protéger les couture ou les gravures de toute agression extérieure. Le fait de poser le patin trop bas en arrondi peut abîmer la gorge, fragiliser la couture et réduire la souplesse. L'ensemble gomme plus fer encastré donnera un bon début de vie au soulier et longévité. Bien sûr, cas extrême, la finesse de certains souliers n'autorise pas la pose de patins.

Fers encastrés vissés ou cloués? Beaucoup de chausseurs conseillent de faire poser des fers encastrées vissés dans tenir compte des dégâts qu'occasionne ce procédé. Avec l'usure, les têtes de vis disparaissent et le seul moyen de les retirer, c'est de les arracher à la pince en laissant un énorme trou dans le cuir.Complication pour la suite car en vissant, on enlève de la matière : c'est le principe de la chignole dans le bois. Avec un fer cloué, seul le clou fait son passage et rifte à l'intérieur de la chaussure sur la première de montage, lui assurant un bon maintien. Lors de son remplacement, il suffira de pincer légèrement le coin du fer pour que celui-ci se  soulève. Résultat : le bout de la chaussure est dans son état d'origine et permet, si nécessaire, plusieurs poses.

Glaçage ou lustrage ? Le glaçage s'opère, en alternance, par des couches de pâte à glacer et d'eau déminéralisée. Aprés chaque glaçage, il faut remettre le cuir à nu en le nettoyant soit avec de l'acétone soit avec de la crème universelle. Un glaçage à répétition aura comme incidence d'étouffer le cuir comme le principe du vernis et de le dessécher avec le temps. Sur un bout, fleuri, le glaçage n'est pas envisageable car il remplira et encrassera l'ensemble.

Pour toutes ces raisons, je conseille plutôt de bien lustrer et bichonner ses chaussures avec de la crème ou de la pâte selon l'étât du cuir et de les faire briller à la brosse de crin de cheval"